Martial KOUNOU
9 décembre 2013

« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » Mathieu 24 :35
Il est difficile d’évoquer cette question sans paraître ramer à contre-courant d’une tendance qui voudrait qu’on pare le christianisme aux couleurs de la modernité afin, entre autres, de le ramener à la dimension et au niveau de réflexion et de sensibilité de l’homme et de la femme de notre époque. Il existe en effet des personnes qui pensent que le christianisme appliqué dans sa forme de base risque de ne pas être attractif pour la population du XXIème siècle dont une frange non négligeable est si mordue par les facilités de la modernité qu’elle pourrait trouver surannées les valeurs qui font et fondent le christianisme.
Il est vrai que nous vivons aujourd’hui dans un monde matérialiste scellé aux couleurs de l’égoïsme, de l’insouciance du lendemain, notamment le devenir de l’âme, un monde où, à moins de prendre garde, nous pourrons être insensiblement happés des sentiers qui conduisent à la félicité éternelle pour échouer dans les filets de l’oiseleur. N’est-ce pas la raison pour laquelle en occident, les églises se vident de jour en jour de leurs fidèles? N’est-ce pas aussi la raison pour laquelle certaines des salles de cinéma d’aujourd’hui dans ces pays ne sont rien d’autre que des anciennes églises réaménagées ? Et si nous parlons d’occident, l’Afrique, le Bénin en particulier, sont-ils à l’abri de cette tendance ? Comment ceux à qui la parole est annoncée perçoivent-ils les croyants et ceux qui prêchent la bonne nouvelle ? Les voient-ils comme ceux qui sont engagés dans une mission noble ou, au contraire, des hommes et des femmes si dépassés par leur époque qu’ils méritent de se faire recycler pour savoir investir plus ‘utilement’ leur temps ? Ne leur colle-t-on pas souvent, plutôt instinctivement, l’attribut de fou et, à la limite, ne les plaint-on pas ?
Sans doute oui, on les plaint ; davantage encore on s’en moque et, pire, on les éconduit à coup d’invectives, de violence et quelquefois de coups. Est-ce pour autant qu’il faille ramener le christianisme à la dimension de l’Homme de notre siècle ? La réponse serait non, non en effet puisqu’une telle situation n’est pas particulièrement nouvelle ; elle n’est fondamentalement pas différente de celle connue par nos patriarches. Souvenons-nous de Noé annonçant que Dieu détruirait les méchants par le déluge ! Lui dressa-t-on un tapis rouge pour accueillir le messager de Dieu ? Assurément non ! Il était au contraire raillé et traité d’irrationnel. Souvenons-nous aussi de Saul, le persécuteur des chrétiens, devenu plus tard Paul. Il était incontestablement un frein à l’avancée de la parole de Dieu. L’ardeur et la détermination des premiers chrétiens ne s’attiédirent pas pour autant. Au contraire, malgré l’adversité, la persécution, les railleries et tout ce qui pourrait légitimement saper le moral, ils maintinrent le cap. Ils ne recoururent guère à la facilité de rabaisser les ‘standards’ du christianisme pour rencontrer le niveau moral de leurs contemporains. Cela n’empêcha point Dieu de rencontrer Saul et d’en faire un ouvrier engagé dans son champ.
Ainsi, adoucir les valeurs chrétiennes ne ramènera pas davantage de rachetés dans les parvis de nos églises, pas plus qu’il ne rendra plus aisé le travail des évangélistes. Le faire, c’est dénaturer le christianisme ; c’est le vider de sa substance et laisser la tragique et honteuse impression que le message de Jésus était destiné à une époque, à une population. Or, comme nous le savons, le message de Jésus est intemporel. Il conserve une vibrante actualité à quelque point du globe où l’on l’écoute. A la limite, c’est une référence qui nous permet de jauger le niveau moral de la société, de mesurer son état de dégradation.
Conserver au christianisme sa teneur originelle en le préservant contre les influences de la modernité ne signifie pas toutefois de ne pas tirer plein avantage des facilités qu’offre notre temps pour la promotion du message de Christ. En effet, si nous avons le moyen de prendre une moto, une voiture, un train, un bateau ou un avion pour aller vers les populations les plus reculées et leur apporter la bonne nouvelle, y renoncerions-nous en y allant à pied ou à cheval au motif que ce furent les moyens utilisés par nos patriarches ? De même, mépriserions-nous la possibilité d’évangéliser à travers les ondes des radios ou les chaînes de télévision ou même d’utiliser Internet pour atteindre plus de monde pour la cause de Christ?
Non ! Il nous faut être sage et positivement sélectif !
Bonne méditation et bonne semaine sous la protection de Christ.